La consommation d’héroïne est associée à un taux élevé d’avortements spontanés (15 à 30% selon les séries), et d’accouchements prématurés (20 à 56% selon les séries). Le manque favorise par ailleurs les contractions utérines.
Tous les opiacés traversent le placenta. Après une prise d’opiacés par la mère, les taux sanguins s’élèvent très rapidement chez le fœtus, ils décroissent beaucoup moins vite chez le fœtus que chez la mère. Le retard de croissance intra-utérin touche 30% des nouveau-nés.
Le syndrome de sevrage intra-utérin s’accompagne d’émission méconiale, d’agitation fœtale, d’augmentation des catécholamines dans le liquide amniotique, parfois de mort fœtale in utero.
La mortalité périnatale est élevée (risque multiplié par 2 à 3, par rapport à un groupe témoin de même niveau socio-économique). Les troubles respiratoires, et notamment l’inhalation méconiale, constituaient la première cause de mortalité du nouveau-né, jusqu’à peu. Ils sont aujourd’hui beaucoup mieux prévenus par la prise en charge précoce des patientes héroïnomanes.
Le syndrome de sevrage du nouveau-né apparaît après un intervalle libre variant de quelques heures à 10 jours (retardé en particulier en cas de polytoxicomanie impliquant des benzodiazépines et des barbituriques). Il associe irritabilité, hyperactivité, hyperexcitabilité, trémulations, mouvements anormaux, hypertonie, tachypnée avec de temps en temps alcalose, apnées et diarrhée avec déshydratation.
Globalement, donc, la consommation d’héroïne au cours de la grossesse est ,une source de complications majeures pour la mère, et pour l’enfant. Les complications obstétricales sont le fait des toxicomanies associées (tabac surtout, et alcool), du manque de suivi obstétrical, des difficultés psychologiques de la mère à accepter la situation de la grossesse et de la maternité. Une prise en charge globale, dans un climat d’accueil et de tolérance, est la première des conditions de la réduction de morbidité de ces grossesses.
Consommation de cocaïne et de crak au cours de la grossesse
la cocaïne a une grande toxicité pharmacologique au cours de la grossesse
Sur la mère
La consommation de cocaïne est associée à une fréquence accrue d’un certain nombre de pathologies très sévères : – hématome rétroplacentaire, – rupture hépatique, – pré-éclampsie et éclampsie – infarctus du myocarde – rupture utérine
Sur le fœtus et le nouveau-né
– Le taux de naissances prématurées est élevé chez les consommatrices de cocaïne ou de crack. – l’incidence des lésions viscérales serait augmentée, les principales anomalies portant sur la face, les membres, le cœur, le système nerveux central, – le nouveau-né souffre d’une augmentation de fréquence des problèmes neurologiques : lésions hémorragiques du système nerveux central, dilatation ventriculaire, atrophie cérébrale, hypodensités ou lésions kystiques de la substance blanche, convulsions néo-natales, troubles visuels, – d’autres anomalies, plus rares, ont été rapportées : tachycardie néo-natales transitoires, atrésies iléales, infarctus mésentériques, problèmes rénaux. – Le taux de mort subite du nourrisson est élevé (15%) chez les enfants exposés à la cocaïne pendant leur vie intra-utérine – La cocaïne passe dans le lait maternel
La grossesse chez la femme usagère de cocaïne est donc une situation à risque majeur, tant pour la mère que pour l’enfant.
Une prise en charge de ces patientes au cours de leur grossesse est indispensable, le suivi doit être très attentif, la communication avec la patiente devant être privilégiée, pour aboutir à un sevrage de la cocaïne et de ses dérivés, le plus tôt possible au cours de la grossesse.