Les Bonnes Pratiques
La mère qui veut donner à son enfant une bonne constitution, le doter d’une bonne santé, devra consentir à suivre le régime hygiénique suivant :
Aux premiers symptômes qui traduisent l’existence de la grossesse, la femme, comme je l’ai dit, cesse d’exister pour elle seule. Elle se doit à son enfant et à la société à laquelle elle doit donner des rejetons vivaces et bien conformés. Il faut, en conséquence, qu’elle s’attache scrupuleusement à éviter toutes les circonstances physiques ou morales qui pourraient nuire à la marche régulière de la gestation.
Fuir avec le plus grand soin toutes les impressions morales profondes, car l’exaltation de la sensibilité peut, d’un seul instant, détruire le flambeau de la vie qui vient de s’allumer dans son sein.
Ne pas faire attention aux mille et un contes de ces femmes enceintes qui ont été victimes d’impressions produites par la vue de monstres par-ci, de phénomènes par là, que semblent créer à plaisir les commères pour exciter la crédulité générale. Enfin se détourner de ces infirmités hideuses qui, malheureusement, se rencontrent trop fréquemment sur les chemins, dans les rues et les promenades publiques. De ces enfants disgraciés de la nature qui sont toujours le résultat de ces imprudences ou des infractions aux règles d’hygiène que nous cherchons à retracer en ce moment.
L’une des plus importantes questions qui regarde la femme qui vient de concevoir, c’est de ne point chercher, par un sentiment de bienséance mal entendue ou de coquetterie hors de saison, à dissimuler sa grossesse par une contrainte intempestive des organes digestifs ou respiratoires.
Elle doit mettre de côté toute servitude sociale et se tenir dans ses vêtements le plus commodément possible sans la moindre constriction thoracique ou abdominale, circonstance qui, en nuisant directement à la mère par la dyspnée qu’elle procure ou les dyspepsies qu’elle peut faire naître, retentira infailliblement sur l’enfant, si déjà, elle ne contribue à l’empêcher de s’attacher à l’organe gestateur, si, dis-je, elle ne provoque l’avortement immédiat.
Ce ne sera pas non plus sans importance qu’elle devra éloigner d’elle l’influence septique des substances odorantes qui, en s’opposant à une franche et complète hématose, peut également tuer l’enfant en lui fournissant un sang trop chargé d’acide carbonique, sans compter que cette dernière influence agit aussi trop directement sur les fonctions digestives qu’elle entrave et qui, suspendues ou perverties, sont nécessairement préjudiciables au développement de l’œuf. Rechercher, en conséquence, un air pur et frais, qui se renouvelle avec la plus grande facilité.
Ceci nous conduit à prévenir les femmes dans cette position des inconvénients qu’elles éprouveront de la fréquentation des spectacles, des soirées et de toutes circonstances où l’étiquette et l’encombrement les exposeraient à subir l’influence des conditions antihygiéniques que nous venons de signaler. Je ne saurais aussi les mettre trop en garde contre cette pratique routinière de porter des flacons chargés de sels ou d’odeurs pénétrantes, qui, sous le vain prétexte de réveiller une stimulation déprimée, de favoriser une respiration difficile, ne contribue qu’à la rendre plus laborieuse encore, et souvent aussi à jeter les individus dans une sorte d’asphyxie plus dangereuse encore pour la mère et pour l’enfant.
Les repas doivent être réguliers et se composer d’aliments de facile digestion. Ne pas satisfaire trop légèrement à ces caprices de l’estomac si communs chez les femmes en état de gestation. Résister à ces entraînements fantastiques qui les conduisent à faire usage de choses non naturelles et complètement indigestes, telles que fruits acides, viande de porc et autres, de café au lait en particulier, de café en grains, de charbon, de papier et autres substances non digestives. Que l’on se garde d’ajouter foi à ces erreurs accréditées par les ignorants, colportées par le commérage, qui fait dépendre les arrêts de développement ou les productions anormales, appelées nœvi materai, à la non-satisfaction de ces dépravations des fonctions digestives.
S’il est des circonstances dans lesquelles ces modifications génératrices réveillent les sécrétions intestinales, pulmonaires et autres, il en est d’autres où elles sont presque suspendues, et alors, il surgit une foule d’altérations diamétralement opposées, c’est-à-dire qu’il se développe une légère irritation bronchique sans expectoration, une toux sèche, quelquefois quinteuse, convulsive, qui réclame la plus sérieuse attention. Les sécrétions intestinales modifiées, comme je l’ai indiqué, perverties souvent, ne suffisent plus à la régularité des fonctions défécatrices. il se produit alors des constipations opiniâtres auxquelles il importe de remédier soigneusement, tant par des lavements émollients, laxatifs, que par de légers purgatifs. Sans quoi la gêne produite par l’accumulation des matières fécales comprimant les organes abdominaux, nuirait encore plus à leur fonctionnalité, et la compression mécanique de l’utérus pourrait favoriser l’avortement.
Dans ces sortes de cas, l’usage ménagé de grands bains simples ou alcalins sont très favorables. Car en excitant légèrement les fonctions de la peau, ils contribuent à stimuler doucement et efficacement la vitalité du tube intestinal. Une des fonctions qu’il est aussi important de surveiller, une de celles qui pèsent d’un très grand poids dans l’existence de la femme et la rend trop tributaire des convenances sociales, c’est la mixtion urinaire. Le développement démesuré de la vessie, en comprimant la matrice, peut contribuer à l’avortement, mais il peut aussi amener la paralysie de cet organe, et chacun sait quel affreux cortège symptomatique développe la maladie de cet appareil d’excrétion.