La naissance d’un nouveau-né est un moment de pure joie et d’émerveillement pour une famille. Pour beaucoup d’individus, cette nouvelle vie qui émerge de son cocon maternel est perçue comme la plus belle création de la nature. Pourtant, pour d’autres, leur perception du nouveau-né peut être légèrement différente, voire étonnante. Peut-on réellement parler d’un bébé « moche » ? Ou serait-il plus approprié de reconsidérer nos standards de beauté et de perception ? Dans cet article, nous allons explorer ces différentes interrogations qui peuvent sembler délicates et taboues pour certains.
Quelle est la genèse de l’expression « bébé moche » ?
En toute honnêteté, l’arrivée d’un nouvel être haut comme trois pommes est toujours un événement de taille dans la vie de tout parent. C’est un moment qui déclenche une avalanche d’émotions – positives pour la plupart, comme l’amour, la joie, l’excitation, mais parfois aussi étranges, comme le doute et l’angoisse. C’est également un temps d’immense ajustement pour chaque parent, et il est naturel que nous sommes tous aux prises avec des idées préconçues sur ce à quoi notre progéniture ressemblera.
Après les différentes échographies et les nombreuses conjectures de la famille et des amis, il est fréquent que les futurs parents se fassent une idée très précise de leur bébé – son sourire, son regard, la couleur de ses yeux. Toutefois, une fois que le bébé a fait son entrée dans le monde, les choses peuvent parfois ne pas être à la hauteur des attentes, notoirement si le visage du nouveau-né diverge des standards de beauté généralistes auxquels les parents se sont préparés. Cela peut mener certains parents à utiliser le terme « bébé moche », parfois avec légèreté, mais parfois aussi avec une certaine douleur.
Cependant, avant de rentrer dans une telle polémique, il est important de se questionner sur la vision de la beauté d’un bébé. En effet, cette appellation de « bébé moche » est subjective, car elle dépend surtout du standard de beauté auquel le bébé est soumis. Il est donc pertinent de s’interroger sur cette conception.
La beauté est dans l’œil de celui qui regarde
Maintenant, demandez-vous, qu’est-ce qui rend un bébé si radieux ? Est-ce la symétrie des traits qui composent son visage, la clarté laiteuse de son teint, la brillance de ses yeux ou la douceur de sa petite peau douce comme une pêche ? Ce sont les critères les plus couramment cités par un échantillonnage de personnes lorsque l’on évoque la beauté d’un bébé. Mais ces critères sont loin d’être généralisés.
La beauté est intrinsèquement subjective et est grandement déterminée par le contexte et la culture dans laquelle on se trouve. Par exemple, les standards occidentaux de beauté (auxquels sont souvent soumis les médias mainstream) tendent à favoriser les traits « parfaits » et symétriques, alors que d’autres cultures pourraient valoriser autre chose. De plus, chaque individu détient un sens singulier de la beauté. Ce qui peut être considéré beau pour une personne, peut être tout à fait le contraire pour une autre. Il est donc essentiel de considérer cette subjectivité avant de qualifier un nourrisson.
Quand on regarde l’histoire de notre civilisation humaine, on peut observer que les standards de beauté ont constamment évolué et changé au cours des siècles. Ce qui était considéré comme beau à une certaine époque pourrait ne pas être considéré de la même façon aujourd’hui. Par conséquent, il est important de comprendre que la beauté est une perception subjective qui change avec le temps et le lieu.
La beauté à travers l’histoire et les différentes cultures
Depuis la nuit des temps, les critères de beauté ont constamment évolué, façonnés par l’évolution et le mouvement de notre société et de nos civilisations. Si nous nous plongeons dans l’histoire, dans l’époque médiévale par exemple, les bébés en bonne santé et bien portants étaient perçus comme les plus beaux. A l’inverse, durant la période artistique de la Renaissance, les traits fins et délicats et la peau claire étaient privilégiés comme idéal de beauté.
Alors que nous avançons dans le temps, dans l’Âge des Lumières et le siècle des romantiques, la beauté des enfants était liée à leur innocence et leur pureté, reflétées par leurs yeux brillants et leur joues rosées. Plus près de nous, à l’époque victorienne, où la santé et la robustesse étaient admirées, les bébés joufflus et costauds étaient considérés comme particulièrement beaux.
La beauté dans différentes cultures
Par ailleurs, la perception de la beauté est loin d’être universelle et varie sensiblement en fonction de la culture dans laquelle vous vous trouvez. Ainsi, dans certaines cultures africaines, un petit être charnu et rondouillet est souvent synonyme de bonne santé et de prospérité. En revanche, dans des pays d’Asie de l’Est, des traits délicats et fins sont souvent préférés.
Prenez par exemple la tribu Akan du Ghana ; ils considèrent que la vraie beauté se trouve dans la rondeur et la robustesse d’un enfant – un signe de bonne santé et de prospérité. De même, dans le peuple Nuba du Soudan, les bébés aux bonnes joues et aux formes arrondies sont très appréciés. Pendant ce temps, en Asie, en Corée du Sud par exemple, on préfère les bébés aux traits délicats et à la peau blanche.
Les critères de beauté actuels
Dans le monde moderne très interconnecté, notamment avec l’avènement des réseaux sociaux, certaines caractéristiques faciales et corporelles ont été normalisées érigeant un véritable standard de beauté. Souvent, les médias exploitent une image « parfaite » d’un nouveau-né qui inclut une peau douce et lisse sans marques de naissance ou d’éruptions cutanées, des traits sans imperfections et symétriques, des yeux expressifs et brillants. Cette tendance à normaliser et uniformiser la beauté peut semer le trouble chez les nouveaux parents qui peuvent alors se demander si leurs bébés sont « moins beaux » parce qu’ils ne correspondent pas à cet idéal.
Chaque nouveau-né est unique
Au fond, il est crucial de se rappeler que chaque nouveau-né est unique, non seulement par son ADN, mais également par son apparence. Tout comme les flocons de neige, aucun bébé ne ressemble à un autre. Leur unicité seul fait leur beauté réelle et il est important de célébrer et d’embrasser la beauté de ces différences. Ainsi, les parents peuvent aider à changer le discours social en célébrant et en reconnaissant cette beauté réelle qui réside dans chaque trait singulier de leur bébé. Ils peuvent aider à apporter un changement en partageant des images réalistes (et non stéréotypées ou filtrées) de leurs bébés. Après tout, chaque parent a le pouvoir de façonner la perception des générations futures en matière de beauté.
Il est temps de changer nos perceptions de la beauté
La beauté, ce n’est pas uniquement ce que vous pouvez voir à l’extérieur. Il ne s’agit pas que de la forme du nez ou de la couleur des yeux. C’est une combinaison très complexe de facteurs, visibles et invisibles, qui font que chaque individu se distingue des autres. Au final, la beauté la plus sincère et la plus profonde se trouve dans ce que nous apportons au monde, dans la bonté que nous partageons et l’amour que nous donnons – et il n’y a aucune échelle pour mesurer cela. Et en cela, chaque bébé, dès son premier cri, fait preuve d’une grande beauté en apportant un amour indubitable à ce monde.
L’idée que la beauté puisse être définie par une seule norme est non seulement trompeuse, mais elle est aussi destructrice. Elle favorise une mentalité uniformisée qui discrimine et exclut les personnes qui ne correspondent pas à ces critères soi-disant parfaits. Elle alimente également le sentiment d’insécurité et d’infériorité parmi ceux qui ne rentrent pas dans ce moule. De ce fait, il est grand temps de déconstruire cet idéal de beauté et de promouvoir une perception plus inclusive et diversifiée de la beauté.
Conclusion
Par conséquent, l’expression bébé moche que certains employées est non seulement injuste, mais aussi totalement sans fondement. Chaque bébé avec ses traits et caractéristiques uniques est une véritable merveille de la nature. Ce serait merveilleux si notre société pouvait adopter une définition plus large et inclusive de la beauté – une beauté qui célèbre l’individualité et l’unicité de chaque être humain. Après tout, ce n’est pas la conformité à une norme de beauté qui fait une personne belle, mais plutôt l’émanation de son amour, de sa bonté et de sa lumière intérieure.
En dernière analyse, aucun bébé n’est « moche ». Chaque bébé est unique et spécial à sa manière et rien ni personne ne devrait les faire se sentir autrement. En tant que parents, amis, famille et société, c’est notre responsabilité de célébrer cette unicité et de faire comprendre à nos enfants, dès leur plus jeune âge, qu’ils sont beaux tels qu’ils sont et qu’ils n’ont pas besoin de correspondre à une norme de beauté arbitraire pour se sentir beaux et aimés.
